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Habaqouq ­ Habaqouq ­ Habaquq


Liminaire pour Habaqouq

     L’inspiré porte cette fois un nom bien attesté en akkadien: celui d’une plante odoriférante, habaqouqou. La date du volume qui porte son nom est incertaine. L’estimation la plus probable le situe entre 615 et 597.

     L’écrit se divise en trois parties. La première (1,1 à 2,4) est faite d’une longue prière de l’inspiré qui souffre de l’iniquité à l’heure du triomphe des Chaldéens; ceux-ci ayant défait les Égyptiens à Karkemish et à Hamat. La deuxième partie (2,5-20) renferme cinq imprécations. Celles-ci commencent toutes par le cri de deuil Hoïe, inexactement traduit par « Malheur ! » et dont je conserve ici la forme d’onomatopée, comme l’ont fait la Septante et le Nouveau Testament. La troisième partie (3,1-19) nous offre une nouvelle prière de l’inspiré, qui décrit en termes classiques la théophanie de IHVH-Adonaï.


Chapitre 1.

Le jugement tortueux

1.     Charge qu’a contemplée Habaqouq l’inspiré.
2.     Jusqu’à quand, IHVH-Adonaï ? J’appelle, mais tu n’entends pas;
je clame vers toi contre la violence, mais tu ne sauves pas.
3.     Pourquoi me fais-tu voir la fraude ?
Tu regardes le labeur, la razzia, la violence contre moi;
et c’est la querelle, l’hostilité, à porter.
4.     Sur quoi la tora est défaillante, le jugement ne sort plus avec persistance.
Oui, le criminel coiffe le juste; sur quoi le jugement sort, tortueux.

Sa force est son Elohîms

5.     Voyez parmi les nations, regardez ! Étonnez-vous, étonnez-vous !
Oui, l’ouvrier oeuvre de vos jours.
Si cela vous était conté, vous n’y adhéreriez pas.
6.     Oui, me voici, je suscite les Kasdîm, la nation amère, rapide,
qui va au large de la terre, pour hériter de résidences non siennes.
7.     Elle, l’effroyable, à frémir, son jugement sort d’elle-même avec son faix.
8.     Ses chevaux sont plus légers que léopards,
plus tranchants que loups du soir;
ses cavaliers se propagent, ses cavaliers venus de loin.
Ils volent comme un vautour pressé de manger.
9.     Tout entier à la violence, il vient, ses faces absorbées en avant.
Il réunit les captifs comme du sable.
10.     Il fait dérision des rois; les potentats sont un jeu pour lui.
Il se rit de toutes les forteresses:
il accumule de la poussière et les investit.
11.     Alors le souffle change, il passe et condamne.
Ceci, sa force, est son Elohîms.

12.     N’est-ce pas toi, d’antan, IHVH-Adonaï ?
Mon Elohîms, ma sacralité, tu ne meurs pas !
IHVH-Adonaï, tu l’as mis en jugement, tu l’as fondé en roc pour admonester.
13.     Les yeux trop purs pour voir le mal,
tu ne peux pas regarder la souffrance.
Pourquoi regardes-tu les traîtres
et fais-tu le sourd quand le criminel engloutit plus juste que lui ?
14.     Tu fais de l’humain comme des poissons de la mer,
comme des reptiles sans gouverneur.
15.     Il les fait tous monter à l’hameçon;
il les attire dans ses rets et les réunit dans sa nasse.
Après quoi, il se réjouit et s’égaye.
16.     Et après quoi, il sacrifie à son filet, il encense sa nasse.
Oui, grâce à eux, sa part est replète, sa nourriture plantureuse.
17.     Est-ce pour cela qu’il videra son collet en permanence,
pour tuer des nations sans compatir ?

Chapitre 2.

Écris

1.     Je me dresse sur ma vigie, sur la tour; je me poste au siège,
et guette pour voir en quoi il parlera contre moi.
Que répliquera-t-il à mon admonestation ?
2.     IHVH-Adonaï me répond et dit: Écris la contemplation,
grave-la sur des tablettes pour que leur lecteur y coure.
3.     Oui, c’est encore une contemplation pour le rendez-vous.
Elle insuffle la fin et ne décevra pas.
Si elle tarde, attends-la; oui, elle viendra, elle viendra,
elle ne tardera pas !
4.     Voici, la boursouflure de celui dont l’être n’est pas droit en lui;
mais le juste vit en son adhérence.

Babèl sanglante

5.     Mais oui, le vin trahit et le brave effronté n’aura pas d’oasis.
Il élargit son être comme le Shéol, et comme la mort ne se rassasie pas.
Il a réuni en lui toutes les nations et groupé tous les peuples.
6.     Tous ceux-là n’élèveront-ils pas contre lui
un exemple, une satire, des énigmes, disant:
Hoïe, qui multiplie le non-sien ­ jusqu’à quand ?­
qui alourdit sur lui l’endettement.
7.     Ne se lèveront-ils pas soudain, tes créanciers ?
Tes agitateurs s’éveilleront, et tu seras spolié par eux.
8.     Oui, tu as pillé de multiples nations.
Tout le reste des peuples te pillera,
pour le sang de l’humain et la violence contre la terre,
la cité et tous ses habitants.

9.     Hoïe, profiteur de mauvais profits pour sa maison,
qui met son nid dans l’altitude,
pour être secouru par la paume du malheur.
10.     Tu as conseillé le blêmissement à ta maison,
le raclage de peuples multiples; et ton être a fauté.
11.     Oui, la pierre du mur clame, et la solive de bois lui répond.

12.     Hoïe, bâtisseur de ville dans le sang, promoteur de cité dans la forfaiture !
13.     N’est-ce pas de la part de IHVH-Adonaï Sebaot ?
Voici, les peuples s’épuisent pour le feu,
les patries se fatiguent pour le vide.
14.     Oui, la terre se remplira de la connaissance de la gloire de IHVH-Adonaï,
comme les eaux couvrent la mer.
15.     Hoïe, abreuveur de ton compagnon !
Tu ajoutes ta fièvre à la liqueur pour regarder leur sexe !
16.     Tu t’es rassasié de turpitude sans gloire !
Bois, toi aussi, et découvre ton prépuce !
La coupe de la droite de IHVH-Adonaï se tourne vers toi
en vomissement de turpitude, contre ta gloire.
17.     Oui, la violence faite au Lebanôn te couvre,
et la razzia effare les bêtes, pour le sang humain,
ta violence contre la terre, la cité et tous ses habitants !
18.     En quoi est-elle utile, la sculpture que son auteur sculpte ?
Une fonte, un enseigneur de mensonge !
Oui, le formateur de sa forme se sécurise en elle,
en faisant des idoles muettes !
19.     Hoïe, diseur au bois: « Réveille-toi ! »;
« Éveille-toi ! » à la pierre silencieuse. Enseignera-t-elle ?
La voici saisie dans l’or et l’argent,
mais tout souffle est absent de ses entrailles.
20.     IHVH-Adonaï au palais de son sanctuaire.
Silence, face à lui, toute la terre !

Chapitre 3.

Prière de l’inspiré

1.     Prière de Habaqouq, l’inspiré. Sur les hymnes.
2.     IHVH-Adonaï, j’entends ta rumeur, et je frémis !
IHVH-Adonaï, vivifie ton oeuvre aux entrailles des années,
fais-la connaître aux entrailles des années !
Dans l’irritation, mémorise pour matricier !
3.     Eloha vient du Téimân; le Sacré, du mont Parân, sèlah !
Sa majesté couvre les ciels; sa louange remplit la terre.
4.     Sa fulguration est comme une lumière aux cornes de sa main,
là, dans l’enfouissement de son énergie.
5.     En face de lui va la peste, l’étincelle sort de ses pieds.
6.     Il se dresse, et fait vaciller la terre; il voit, et ébranle les nations.
Les montagnes pérennes se dispersent,
les collines de pérennité se prosternent. À lui, les allers de pérennité !
7.     Sous la fraude, je vois les tentes de Koushân,
les tentures irritées de la terre de Midiân.

8.     Contre les fleuves, brûle-t-il, IHVH-Adonaï ?
Est-elle contre les fleuves, ta narine ?
Ou contre la mer, ton emportement ?
Oui, tu montes sur tes chevaux, et tes chars donnent le salut.
9.     Nu, tu réveilles ton arc, satiété des traits du dire, sèlah !
De fleuves, tu fends la terre !
10.     Elles t’ont vu, les montagnes, elles se convulsent !
La trombe d’eau passe, l’abîme donne de la voix;
de ses mains l’altitude le porte.
11.     Il arrête le dôme du soleil et de la lune.
Ils vont à la lumière de tes flèches,
à la fulguration et à l’éclair de tes lances.
12.     Avec exaspération, tu arpentes la terre;
avec fureur, tu foules les nations !
13.     Tu sors pour le salut de ton peuple, pour le salut de ton messie.
Tu brésilles la tête de la maison du criminel,
mis à nu du fondement jusqu’au cou, sèlah !
14.     Tu perces de tes traits la tête de ses commandeurs:
ils tempêtaient pour me disperser.
Leur exultation était de manger l’humilié en secret.
15.     Tu as conduit tes chevaux dans la mer,
dans l’amoncellement des eaux multiples.
16.     J’ai entendu et mon ventre s’irrite;
à la voix, mes lèvres claquent. La carie vient dans mes os;
sous moi, je m’irrite, au lieu de me reposer au jour de détresse,
pour monter contre le peuple qui nous assaille.
17.     Non, le figuier ne fleurit pas, pas de récolte dans les vignes,
le fait de l’olivier s’émacie, la campagne ne fait pas de nourriture,
l’ovin est coupé de la bergerie, et pas de bovins dans les étables.
18.     Moi, j’exulte en IHVH-Adonaï, je m’égaye dans l’Elohîms de mon salut.
19.     IHVH-Elohîms Adonaï, ma vaillance !
Il fait de mes pieds des biches, pour cheminer sur mes tertres.
Au chorège, en mes musiques.